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Le "paternalisme libertarien" ou l'art d'influencer ses collaborateurs

Par Guirec Gombert | Publié le 18/10/2018 - Mis à jour le 19/11/2018

Egalement appelé "nudging", le "paternalisme libertarien" est une méthode de management visant à inciter, plutôt qu'à contraindre, les collaborateurs à prendre de meilleures décisions.

Le nudging, tiré du verbe to nudge, signifie "pousser du coude". Ce terme a été conceptualisé par l'économiste Richard Thaler et le juriste Cass Sunstein dans leur ouvrage "Nudge, la méthode douce pour inspirer la bonne décision". Le but du "nudging" : inciter les individus à changer leur comportement sans les contraindre, d'où cette autre appellation : le "paternalisme libertarien".

"Il s'agit d'un levier d'influence destiné à agir sur le comportement", a ainsi pu expliquer Eric Singler, directeur général associé de BVA et fondateur de la BVA Nudge Unit, lors d'une conférence organisée par Communication & Entreprise.

Manipuler pour faire le bien ?

"Chaque jour, nous prenons des décisions, qu’elles concernent des options professionnelles, les écoles des enfants ou la simple composition d’un repas. Malheureusement, nous faisons parfois les mauvais choix", selon le résumé de l'ouvrage. Le "paternalisme libertarien" doit alors aider les individus à prendre de meilleures décisions. En effet, si chacun est libre et conscient de ses décisions, ce ne sont pas toujours les meilleures qui sont prises : fumer, rouler trop vite en voiture, boire trop d'alcool, se nourrir de junk-food, etc.

Le nudge doit proposer une alternative sans donner le sentiment d'être contraint. Un exemple parlant : la mouche installée dans les urinoirs pour inciter les hommes à mieux "viser". Quel rapport avec le monde de l'entreprise ? Alors que les hommes s'amusent à braquer la fausse mouche, le premier aéroport à avoir mis ce système en place a réduit ses dépenses de nettoyage de 20 %. Fin 2009, Volkswagen transformait un escalier en piano. Une façon d'inciter ses collaborateurs à se dépenser davantage. Objectif réussi, l'escalier musical est plus utilisé que l'escalator. Chez Google, pour lutter contre l'obésité, l'entreprise met à disposition des salariés des aliments sains, gratuits et à volonté. Tout le monde peut continuer à se nourrir de burgers et chips mais l'incitation à se servir dans la corbeille de fruits est trop forte pour y résister.

C'est donc ça le nudging : montrer la meilleure option, celle qui sera aussi bénéfique à l'entreprise mais sans l'imposer. Un autre exemple : plutôt que de rappeler aux salariés d'éteindre leur ordinateur en partant, il est plus judicieux d'afficher les économies d'énergie ainsi réalisées. Le paternalisme libertarien a donc valeur de généraliser les best-pratices, d'inciter, par le plaisir, les salariés à s'impliquer davantage dans l'entreprise.

Sortir de la logique de la "carotte et du bâton"

Au journal Le Nouvel Economiste, Nicolas Bordas, auteur de "L'idée qui tue", expliquait ainsi le paternalisme libertarien : "les gens sont meilleurs lorsqu'ils ont, ou pensent avoir, un certain degré de liberté ; voilà pourquoi en entreprise le nudge permet d'accroître l'efficacité individuelle”. Selon lui pour appliquer la méthode du nudge, il faut sortir de la logique verticale, de l'ordre descendant et du couple menace-promesse. L'inverse aussi de la logique de reporting et autres indicateurs de performance à la finalité coercitive.

Si vous doutez de l'intérêt du nudge, il semble pourtant que cette méthode de management soit particulièrement adaptée aux salariés français. Rétif à l'autorité, critique, le Français serait plus réceptif au management par l'incitation. En résumé, le nudge, c'est "donner l'envie d'avoir envie".

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