Vie pro

Les cadres en télétravail ne sont « ni plus ni moins satisfaits de leur travail que les autres »

Par Guirec Gombert • Publié le 5 novembre 2019 à 10:49

Le télétravail reste une pratique minoritaire : seuls 11 % des cadres travaillent une fois par semaine chez eux et, contrairement à une idée reçue, "tout se passe comme si les avantages du télétravail étaient contrebalancés par une moins bonne santé et de moins bonnes conditions de travail", selon une étude de la Dares.

Les cadres en télétravail ne sont « ni plus ni moins satisfaits de leur travail que les autres »

Quand on parle télétravail, on pense réduction du temps de trajet, et donc économie sur le transport, davantage d'autonomie au travail et une meilleure adéquation vie pro - vie perso. Une étude de la Dares indique que c'est pourtant le contraire qui se produit pour les salariés en home office.

Une pratique peu répandue

Le télétravail est encore minoritaire en France bien que tout le monde semble vouloir le pratiquer. Ainsi, seuls 3 % des salariés travaillent chez eux contre 11 % des cadres qui travaillaient depuis chez eux au moins une fois par semaine et 5,2 % dont la pratique est dite "intensive", soit au moins deux jours par semaine. Près d'un quart des cadres appartenant à une famille monoparentale travaillent également en télétravail.

Et guère encourageante

Principale conclusion de l'étude de la Dares : le télétravail n'est pas une sinécure ! Pour les économistes de la Dares, "tout se passe comme si les avantages du télétravail étaient contrebalancés par une moins bonne santé et de moins bonnes conditions de travail ". Les cadres qui télétravaillent au moins deux jours par semaine travaillent plus que leurs collègues et travaillent plus souvent le soir. Pour ceux qui auraient aimé mieux concilier vie pro et vie privée, il faudra repasser.

En fait, lorsque les cadres télétravaillent, 21 % d'entre eux font partie d'un groupe qui a procédé à un plan de licenciement. Près de la moitié des cadres en home office disent ainsi ressentir un risque important de perdre leur emploi, contre 12 % de ceux travaillant en entreprise. De plus, 10 % des cadres en télétravail sont en situation de handicap et 17 % sont en risque dépressif... D'ailleurs, en moyenne, l'état de santé des télétravailleurs intensifs est moins bon que celui de leurs collègues. Lien de causalité ? Ou est-ce que les entreprises font essentiellement travailler leurs salariés handicapés et / ou dépressifs ? L'étude ne le dit pas.

Des horaires à rallonge

Côté chiffres, les cadres en télétravail travaillent en moyenne 43 heures par semaine contre 42,4 heures pour les cadres non-télétravailleurs, explique l'étude. Les télétravailleurs intensifs déclarent, eux, travailler souvent plus de 50 heures par semaine.

Leurs horaires sont moins prévisibles et "plus atypiques" débordant "après 20h ou le samedi". La Dares pointe le risque pour eux d'être "désynchronisés par rapport à leurs collègues ou collaborateurs" même si ce risque est atténué "lorsque le télétravail a été mis en place dans le cadre d’un accord collectif ou individuel plutôt qu’en l’absence d’accord".

Enfin, si les cadres disent pouvoir faire des pauses plus fréquemment et à leur guise que les autres salariés, ils ne connaissent pas "une plus grande autonomie opérationnelle, par exemple pour organiser et exécuter le travail, les délais ou résoudre des incidents".