Comment manager aujourd'hui ?

"Peut-on diriger avec humanité dans un environnement compétitif et débridé ?" C'est une des nombreuses questions posées par le magazine Sciences humaines* dans un dossier complet consacré au management. Une interrogation qui souligne bien le rôle ambivalent du manager, garant de la productivité de ses équipes et de plus en plus chargé d'un rôle d'animateur, voire d'ambianceur.

Une double mission difficile à endosser. Peut-être est-ce lié à"des méthodes d'encadrement standardisées et hiérarchisées", alors que les salariés aspirent à "plus de liberté et de bienveillance" ? C'est tout le problème du management qui cherche à rationaliser les tâches humaines mais qui oublie la part d'irrationnels de ceux qu'il étudie.

Ces critiques ne sont pas nouvelles, rappelle le magazine. D'ailleurs, à l'opposé des techniciens du management, l'entreprise a toujours été un lieu d'utopies où "des entrepreneurs ambitieux ont tenté très tôt de créer d'autres modèles de management". Malheureusement, ces derniers inspirent aujourd'hui davantage des gourous qui, plutôt que de vouloir changer le monde, cherchent à vendre leurs méthodes à grands renforts de termes aussi creux qu'alléchants...

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La fin des managers ?

Autre thématique du dossier : la place de l'autorité dans l'entreprise. Si tout le monde prône davantage d'horizontalité et que certains aimeraient voir disparaître les managers, la fin des chefs est-elle vraiment envisageable ? Les cadres sont-ils de simples maillons d'un âge en voie de disparition ?

Ce serait oublier l'une de leurs missions : la gestion des conflits. Souvent irrationnels, ils enveniment et pourrissent très vite les relations au sein d'une équipe. "Laisser le conflit s'envenimer, ou ne pas le laisser éclore, entre ces deux écueils le chemin est étroit. Mais c'est le seul possible", conclut l'auteur de l'article.

Le magazine aborde également les questions du télétravail et se demande comment encadrer et impliquer des télétravailleurs et donne également la parole à la sociologue Caroline Datchary qui revient sur un mal propre aux salariés de bureau : la dispersion, ou la reconfiguration permanente de leur activité sur un temps court (mails à traiter d'urgence, coups de fil, tâche de fond, etc.). Dit autrement : faire plein de choses, presque en même temps mais jamais très bien.

* Sciences humaines, novembre 2019, 5,7 €.

(Getty images /Nattakorn Maneerat)