Recrutement, management de transition, compétences, guerre des talents… état des lieux de l’emploi dans la finance et la comptabilité 

« Le marché de l’emploi dans la finance se porte particulièrement bien depuis deux, trois ans déjà et ce, quelle que soit la fonction. Pourtant, même si le marché est favorable aux candidats, trouver et garder les meilleurs est toujours aussi difficile », explique Mikaël Deiller, directeur finance chez Michaël Page.

Dans ce secteur, comme ailleurs, les recruteurs se livrent une guerre des talents pour trouver des collaborateurs répondant à leurs nouveaux besoins. Le savoir-être fait partie de ces exigences. « C’est marquant comme ces dernières années il y a eu un basculement des compétences techniques vers des compétences comportementales », poursuit le directeur. Dans un marché mouvant, les entreprises recherchent en effet des collaborateurs qui ont le sens de l’adaptation, de l’innovation et font preuve d’une forte agilité. « La ‘learning agility’, ou capacité à apprendre, est ainsi une des compétences phares recherchées chez les leaders. Selon notre baromètre réalisé en partenariat avec la DFCG, 65 % des dirigeants financiers recherchent des collaborateurs adaptables et qui ont une capacité marquée à développer de nouvelles compétences ».

La tentation du management de transition

Attirer les talents en se montrant attractif est un autre enjeu dans la finance. Si un dirigeant financier sur trois prévoit de recruter en 2019 - « soit pour étoffer ses équipes soit pour anticiper l’avenir, d’éventuels départs ou mobilités» - la rémunération n’est plus toujours l’option retenue. « Les entreprises ont déjà revu à la hausse leur politique salariale et pour attirer un candidat il faut aussi définir un projet et des perspectives précises », souligne Mikaël Deiller.

Parmi les métiers les plus recherchés, la fonction comptable fait toujours l’unanimité. Elle est présente dans toutes les entreprises, des TPE aux grandes entreprises en passant par les ETI, et son rôle est essentiel dans un contexte de changement. « dans un contexte de digitalisation et d’automatisation, sa capacité d’analyse accrue en fait un véritable pivot des organisations ».

Autre poste central dans les entreprises : le directeur financier. Selon la taille de la structure et s’il est proche de la direction générale, il sera considéré comme un véritable partenaire business. « Plus on s’éloigne du sommet, plus son rôle se concentre sur les sujets de reporting, de fiabilisation de l’information comptable et financière et de maîtrise des risques. Dans tous les cas, pour qu’il ait un rôle majeur dans la stratégie de l’entreprise, il faut qu’il soit au plus près de la direction générale ». C’est peut-être ce qui explique que seul un dirigeant financier sur deux se déclare satisfait à son poste actuel. Il ne dispose pas toujours de la reconnaissance de sa hiérarchie et regrette son manque de visibilité sur ses perspectives professionnelles et ses opportunités de carrière. Ce qui peut expliquer que de plus en plus de directeurs financiers se montrent intéressés par le management de transition.

« C’est une évolution qui concerne de nombreux salariés et pose la question de savoir si demain tout le monde sera freelance. Les sociétés ne réussissent plus à assurer le pacte social – un CDI pour un emploi stable et pérenne en échange d’une fidélité et d’un investissement pérenne – que les actifs rejettent de plus en plus de toute façon. C’est très observable dans le milieu de la finance. A cela s’ajoute une logique d’externalisation des entreprises et de contexte de transformation permanent qui amplifient ce phénomène ». 

Lire Les nouvelles réalités des directions financières de Michaël Page 

(Getty Images / Jirapong Manustrong)