Après le fordisme et le toyotisme, l'ère du teslisme ?

Il a beau avoir été débarqué de la présidence de Tesla, moqué pour avoir fumé un joint en direct d'une émission radio et raillé pour les coussins péteurs installés dans ses voitures, Elon Musk reste un des entrepreneurs les plus influents et inspirants de notre époque. En 2017, Michael Valentin, directeur associé d'Opeo, un cabinet de conseil, consacrait un livre à son entreprise la plus emblématique dans Le modèle Tesla. Sa réflexion : au début du XXe siècle, Ford révolutionne l'industrie avec des gains de productivité, 60 ans plus tard le toyotisme développe l'excellence opérationnelle et dans les années 2010 "Elon Musk bouleverse les codes en inventant un système d’organisation novateur et disruptif (...). Un modèle qui peut s’observer aujourd’hui comme la référence du 4e âge de l’industrie".

Le teslisme reposerait sur sept principes d'organisation, explique Christine Kerdellant dans son dernier éditorial de L'Usine Nouvelle. L'hyper manufacturing, la cross-intégration, la software hybridation, la traction tentaculaire, la storymaking, le startup leadership et enfin le machine learning. Ces termes un peu pompeux, voire fumeux, ne méritent pas d'entrer dans le détail. Tous ceux qui ont lu l'ouvrage de Michael Valentin lui accordent cependant d'expliquer ce qu'est la quatrième révolution industrielle. Avec la Tesla Company, Elon Musk "ne pense plus la voiture comme une fin en elle-même, mais réfléchit sur le transport de personnes et les services associés. Ses voitures (...) sont connectées et se mettent à jour automatiquement, comme un smartphone, afin que le client profite toujours de la dernière version disponible. Il veut aussi les rendre autonomes et créer une plateforme qui permettra de les partager pour optimiser le rendement de l’investissement pour le client et pour désengorger les villes", écrivait  Michael Valentin dans une tribune publiée dans Le Monde. Ses voitures intègrent les dernières technologies lui permettant à la fois des améliorations de compétitivité et des ruptures stratégiques.

Vendre plus qu'un produit, une histoire

Deux ans après la sortie du livre de Michael Valentin, les usines de Tesla étaient quasiment à l'arrêt fin 2018 et ses cours en bourse dégringolaient. Quant à Musk, ce n'était plus qu'un savant fou... Aujourd'hui, le groupe californien dégage un bénéfice net de 139 millions de dollars et son chiffre d'affaires trimestriel est en hausse de 6 % à 7,2 milliards de dollars. Le constructeur s'est engagé à être rentable sur chacun des trimestres à venir, grâce à une réduction des effectifs et une amélioration des processus de production. Enfin, la sortie de son Model 3 a été avancée en Chine. Et Tesla de retrouver sa superbe.

Au fond, c'est peut-être ça le teslisme, selon Michal Valentin : ne pas vendre uniquement une voiture mais une histoire. Aux jeunes générations, Musk parle transition énergétique et capte l'air du temps en développant l'économie d'usage de la voiture. Un service de location du Model 3 sera en effet bientôt développé pour permettre à chacun ou presque de louer un temps de conduite de ces berlines. Un succès qui rappelle la fameuse citation de Robert Kennedy : "seuls ceux qui osent se planter peuvent accomplir de grandes choses".

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