En France aussi, les cadres, qui bénéficient d'un taux de chômage inférieur à 4 %, partent du jour au lendemain. Cela "se produit de plus en plus, confirme aux Echos Nicole Degbo, ancienne chasseuse de tête, aujourd'hui dirigeante d'une société de conseil en entreprises. Un recruteur ne s'attend pas à ce type de comportements chez des candidats censés avoir un certain niveau d’éducation et de responsabilités”. Une façon de faire risquée puisque sa première réaction a été de "blacklister" la candidate fantôme : "Je ne pouvais pas prendre le risque de la présenter à d’autres employeurs. Et ce, même si elle s’est excusée tardivement”.
Les salariés ne semblent cependant pas vraiment craindre pour leur réputation : l'an dernier, le cabinet de recrutement international Robert Half constatait une "augmentation de 10 à 20 %" des abandons de poste.
Un phénomène inéluctable ?
Si les cadres ont davantage d'opportunités professionnelles, le "ghosting" tente de plus en plus de salariés. Un comportement qui s'explique par le rapport au travail, et la distance de plus en plus évidente que mettent les millenials, et la génération suivante, à leur emploi. Perte de sens, périodes de chômage inévitables, stagnation des salaires, faibles perspectives de carrière, poussée de la fièvre entrepreneuriale, exigences face au poste/aux locaux... Les raisons qui poussent les Français à démissionner sont nombreuses. Face à cela, les employeurs cherchent à capitaliser sur leur marque employeur, tentent de se prémunir contre la fameuse guerre des talents afin de les retenir d'aller à la concurrence. Mais cela paraît bien vain. Plutôt que de continuer sur leurs vieux schémas, les entreprises n'auraient-elles pas intérêt à privilégier les salariés "slasheurs", à faire appel à des managers de transition, proposer des missions en freelancing ? Bref à accepter que le rapport de force a changé - du moins pour certains - et que les salariés ne sont plus juste en quête d'un salaire et d'un CDI. Chiche ?
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