Carrière

C'est officiel : on peut être productif sans être heureux !

Par Guirec Gombert • Publié le • Modifié le

Le bonheur ne paie pas ! Du moins pas au travail contrairement aux discours managériaux actuels faisant la part belle aux notions de bien-être, d'épanouissement ou encore de satisfaction personnelle. Les "funsultants" et autres Chief Happiness officer chargés de faire grimper la productivité des salariés devront revoir leur méthode ou rendre leur tablier...

C'est officiel : on peut être productif sans être heureux !

L'idée aujourd'hui répandue est que le bonheur au travail permet de fidéliser les "talents" et d'augmenter la rentabilité de chacun. Une personne satisfaite serait ainsi moins absente, plus engagée et entre 12 et 15 % plus productive... ou pas, selon une chronique de la revue HBR expliquant que la recherche du bonheur serait en fait contre-productive.

> Management : faut-il en finir avec le "bonheur au travail" ?

Le diktat du bonheur

En entreprise, sont souvent associées les notions de productivité et de satisfaction à faire son travail. Mais contrairement aux idées reçues, une étude britannique suggère que plus les employés sont malheureux, plus les bénéfices sont élevés. C'est en tout cas la conclusion du professeur anglais Rhian Silvestro qui s'est intéressé aux supermarchés britanniques. Le titre de sa recherche : Dissiper le mythe moderne : la satisfaction et la loyauté des employés et la rentabilité du service (Dispelling the modern myth: Employee satisfaction and loyalty drive service profitability). 

"Les malheurs aux vertus donnent du bénéfice ; les vents purgent le blé, les châtiments le vice" (Louis Belmontet)

Une autre étude de psychologie s'est intéressée à la recherche du bonheur. Cette quête conduirait là encore à l'effet inverse : plus le bonheur devient un devoir, moins les individus se sentent heureux s'ils n'y parviennent pas. Et les auteurs de souligner comment certains métiers face à la clientèle (call-center, fast-food) obligent à être optimiste. Mais ces employés ne sont pas les seuls, la bonne humeur est devenue une religion en entreprise. La cause on la connaît : la croyance que des salariés heureux font mieux leur travail. Et pourtant, une autre étude souligne que les personnes en colère obtiendraient de meilleurs résultats. Les chercheurs ont en effet mesuré le travail de commerciaux. Ceux qui, lors d'une négociation, ont le mieux réussi étaient les moins heureux du panel... L'idée de cette recherche est de monter que le bonheur ne rend pas toujours efficace, tout dépend du travail exercé.

Le bonheur rend vulnérable

Les Français sont parmi les salariés les plus investis au travail. Ils aiment y trouver du sens. Mais "si l'on croit que c'est dans le travail qu'on trouvera le bonheur, on risque de se mettre à confondre son patron avec un conjoint ou un parent de substitution", écrivent les chroniqueurs. En effet, la chercheuse Suzanne Ekmann a constaté que ceux qui s'attendent à ce que leur travail les rende heureux sont davantage émotionnellement démunis. Ces personnes sont souvent en attente de reconnaissance de la part de leur supérieur. Des preuves qu'elles ne reçoivent pas suffisamment ou pas comme elles l'espéraient et qui les conduisent à réagir de façon excessive.

Ces personnes auraient également tendance à gérer leur vie privée comme une tâche professionnelle, selon la sociologue Eva Illouz. Elles mettent alors en place des outils de management à domicile, jusqu'à préférer passer du temps au travail que chez eux.

> Management : comment en est-on arrivé à rationaliser sa vie privée ? 

Mais la recherche du bonheur rendrait également plus individualiste ou faire se sentir seul. Cela commence à faire beaucoup pour (ne pas) être heureux ! Alors pourquoi le bonheur est-il aujourd'hui si important dans le contexte du travail, s'interrogent les auteurs de l'article. Pour deux raisons : l'esthétique et l'idéologie. La première c'est l'image de l'entreprise, l'emballage, le discours séducteur. La seconde, l'idéologie, est pratique, elle met de côté les tensions et conflits. "Quand nous supposons que les travailleurs heureux font de meilleurs travailleurs, nous pouvons mettre des questions plus gênantes sous le tapis, et ce d’autant plus que le bonheur est souvent perçu comme un choix". La journaliste et essayiste américaine Barbara Ehrenreich a d'ailleurs démontré chiffres à l'appui que c'est lors des périodes de crise et de licenciements que les messages sur le bonheur sont les plus populaires.

Alors faut-il en finir avec le bonheur au travail ? Cela paraît extrême et comme toutes choses rendues obligatoires, si demain les Français devaient faire la tête à leurs collègues, il y a fort à parier que par esprit de contradiction ils leur souriraient. Bref, la joie ne se décrète pas mais il n'y a pas de mal à cultiver la bonne humeur. Tant que cela sonne juste...

> Soyez optimiste, c'est bon pour votre carrière !

Photo Istock

Partager l’article
  • Facebook
  • X
  • Linkedin
Newsletter
Recevez par mail toute l’actu de l’emploi.
En cliquant sur « S’inscrire », vous acceptez les CGU et déclarez avoir pris connaissance de la politique de protection des données du site hellowork.com.

Préparez-vous à
décrocher votre job !

155 000

CV lus en moyenne chaque jour, soyez le prochain à être vu !

soyez visible auprès des recruteurs

Déposer mon CV

923 721

offres en ce moment, on vous envoie celles qui collent ?

soyez alerté rapidement

Créer mon alerte
Les sites
L'emploi
  • Offres d'emploi par métier
  • Offres d'emploi par ville
  • Offres d'emploi par entreprise
  • Offres d'emploi par mots clés
L’entreprise
  • Qui sommes-nous ?
  • On recrute
  • Accès client
Les apps
Application Android (nouvelle fenêtre) Application ios (nouvelle fenêtre)
Informations légales CGU Politique de confidentialité Gérer les traceurs Aide et contact
Nous suivre sur :